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Libération
Éditorial

Moteurs fous.

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publié le 10 janvier 2000 à 22h04

On n'est pas convaincu qu'il ait juridiquement raison, le Pr Got,

lorsqu'il assimile les accidents de la route à la contamination des hémophiles et promet une procédure devant la Cour de justice de la République pour confondre les ministres responsables. Mais a-t-il moralement tort?

Le bilan en morts et en blessés des collisions automobiles dépend du comportement individuel des conducteurs, c'est l'évidence, mais aussi de facteurs relevant directement de l'autorité politique: à savoir l'état du réseau routier et surtout les règles de circulation en vigueur. Pour les routes, pas grand-chose à dire, la France s'est modernisée de façon relativement exemplaire sur ce plan. Mais, s'agissant de la législation automobile, on peut effectivement faire le procès des pouvoirs publics, qui ont toujours trop tardé à prendre les mesures contraignantes salutaires. Evidemment, l'on sait bien que légiférer sur ces questions est politiquement à haut risque; dans tout électeur, il y a le conducteur qui sommeille.

Mais les esprits ont évolué. Chacun connaît mieux, maintenant, les conséquences humaines terribles des accidents automobiles. Comment croire que l'exigence sociale de sécurité qui se développe dans le secteur alimentaire et plus généralement dans tous les domaines de la vie quotidienne puisse faiblir lorsque l'on aborde l'automobile? Ou se borner aux mesures existantes qui, pour être nécessaires, n'en sont pas moins insuffisantes.

Il faut aller plus loin et l'on sait comment: brider les