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Libération
Éditorial

Clair-obscur.

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publié le 12 janvier 2000 à 22h00

Après que le droit de vote leur a été (tardivement) reconnu, l'accès

des femmes aux moyens modernes de régulation des naissances a marqué une des grandes dates sur le chemin de leur émancipation. Il y a une période avant «la pilule» et une autre après. C'est si évident qu'on a fini par presque l'oublier. D'autres urgences ­ en particulier la prophylaxie antisidéenne ­ mais aussi l'indifférence d'un microcosme politique et technocratique archi-masculin ont contribué à laisser la contraception dans une sorte de clair-obscur. Cela a eu la conséquence absurde, qu'avaient cyniquement assumée en leur temps les régimes communistes, de perpétuer un nombre élevé d'interruptions de grossesse et les traumatismes qui vont avec.

Le gouvernement Jospin vient d'avoir le bon sens d'admettre que le recours aux méthodes contraceptives modernes n'est pas plus naturel et spontané que, disons, la vaccination antigrippale à propos de laquelle des campagnes de sensibilisation annuelles sont organisées. Et tant pis si les ministres donnent quelque peu l'impression de se raccrocher aux branches après l'annonce impromptue de la mise à disposition des infirmeries de l'Education nationale de la «pilule du lendemain». N'était-ce pas alors, en l'absence de considérations contraceptives, atteler la charrue avant les boeufs?

Il existe un autre avantage à la vulgarisation des méthodes contraceptives, c'est qu'elle oblige à parler de la sexualité, en famille, avec des éducateurs ou avec des professionnels de l