Au royaume du «Un bébé si je veux, quand je veux», slogan féministe
des années 70, les adolescentes font figure de martiennes. «Elles viennent nous voir quand le préservatif a craqué. Elles sont terrifiées par le sida, mais pas du tout par la grossesse», répètent à l'unisson les animatrices des Plannings familiaux. Mais ce sont les jeunes femmes, les 25-35 ans, qui plongent les militantes du droit à la contraception dans un plus grand désarroi encore. «C'est presque le monde à l'envers», confesse Joëlle Brunerie, gynécologue à l'hôpital Antoine-Béclère, à Clamart (Hauts-de-Seine). «Aujourd'hui, c'est nous, bien souvent, les médecins, qui leur proposons la pilule. Il faut les convaincre" Pourquoi les jeunes ne se jettent-elles pas dessus, comme nous nous étions jetées dessus?» Discours «écolo-new age». Les médecins ont du mal à entendre ces discours qu'un professeur d'Antoine-Béclère qualifie d'«écolo-new age»: «La contraception tue la libido.» «Si on a vraiment envie d'un enfant, le stérilet ne marchera pas.» «Je devais avoir un désir inconscient d'être enceinte.» De son côté, Béatrice Koeppel, psychanalyste attachée à cet hôpital, soupire: «Tout cela serait rigolo si ça ne se terminait pas par des IVG au dernier moment, mal préparées et mal vécues. Les femmes d'aujourd'hui ont un rapport étonnant à la contraception. Elles ne revendiquent plus la maîtrise, mais une espèce de "laisser faire la nature, "laisser parler son corps. On croit rêver lorsqu'on les entend parler de l'