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Libération
Enquête

A Strasbourg, la reprise sur un tissu social délicat.

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La baisse du chômage, qui a détendu le climat, n'empêche pas l'exclusion.
publié le 14 janvier 2000 à 21h58
(mis à jour le 14 janvier 2000 à 21h58)

Strasbourg, de notre correspondante.

C'est au mois de mai dernier que Mohamed Khettab, responsable du secteur jeunes au centre socioculturel (CSC) de Cronenbourg, a repéré qu'il se passait quelque chose. Il n'y avait plus, chaque matin, ces groupes de jeunes qui «squattaient» le centre, implanté au coeur d'un quartier dit «sensible». Il y avait moins de ces propos peu amènes à l'encontre des animateurs: «Vous, vous avez du boulot, vous ne faites rien, et nous, on n'a rien.» Peu à peu, la plupart de ses interlocuteurs avaient trouvé du travail. Un emploi-jeunes, un intérim, un statut précaire, certes, mais néanmoins un vrai travail, pas un stage ou l'une de ces «demi-baguettes» (travail à mi-temps), qui leur était proposé autrefois. «Il y a beaucoup moins d'agressivité, moins de petites violences, moins de provocations. Les jeunes reprennent pied dans la vie», assure Mohamed Khettab. Aujourd'hui, ils fréquentent le club informatique, pensent à leurs vacances, s'impliquent dans les associations, rêvent d'acheter une voiture, veulent «leur» logement.

Ambiance plus sereine. Ce sont des indices ténus, mais les acteurs locaux veulent y croire: la reprise économique fait respirer (un peu) les quartiers de Strasbourg. En un an, le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an) a baissé de 30% sur le bassin d'emploi strasbourgeois. Ils étaient 5 000 en 1997, ils sont 1 200 aujourd'hui. «Comme si les gens avaient un peu plus d'oxygène», note Jean-Claude Richez, adjoint au maire de