Total serait-elle la moins exigeante des compagnies pétrolières?
Selon nos informations, Shell avait classé l'Erika «unsuitable» c'est-à-dire «impropre» à tout transport de fioul pour son propre compte. Et ce, depuis plus de deux ans et après deux inspections successives. Selon le témoignage d'un cadre de la raffinerie Shell de Petit-Couronne près de Rouen, recueilli par Libération, des inspecteurs de Shell avaient jugé l'état de l'Erika «inacceptable» une fois montés à bord.
«Ce navire n'aurait pas pu faire un voyage affrété par la Shell», nous confirmait hier Alain Chenu, coordinateur en Europe des opérations marines du groupe anglo-hollandais. «L'Erika a été inspecté en janvier 1999. Au vu de ce rapport, il a été signalé à l'armateur que ce navire ne pourrait transporter de cargaison Shell. Mais qu'il pourrait venir charger dans un terminal Shell pour le compte d'une autre compagnie.» En clair, l'Erika n'était pas assez sûr pour la Shell, mais si une autre compagnie voulait tenter sa chance, Shell ne refuserait pas de lui vendre son pétrole. Ainsi «la lettre d'acceptation» délivrée par Shell à l'Erika, rendue publique hier par le «Bureau enquête accidents» (BEA-mer), n'autorisait ce navire qu'à accoster les quais des raffineries du groupe. Pas à transporter son pétrole. Ce veto pesant sur l'affrètement de l'Erika était par ailleurs largement partagé par d'autres compagnies pétrolières (voir encadré). Seul Total n'a pas hésité à lui confier son fioul.
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