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Libération
Analyse

Le règne de l'arbitraire et de l'opacité.L'univers carcéral est trop longtemps resté refermé sur lui-même.

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publié le 17 janvier 2000 à 21h55

Il a donc fallu qu'un livre fasse scandale pour que le ministère de

la Justice se décide à entrouvrir les portes d'une prison. Car la règle habituelle est bien l'opacité. En juin dernier, lors du débat du projet de loi sur la présomption d'innocence, Elisabeth Guigou s'est ainsi opposée à un amendement proposant le droit pour les élus de visiter inopinément les prisons. Il a été adopté à l'unanimité. A la grande satisfaction des surveillants, heureux que des personnalités puissent venir vérifier «les conditions déplorables auxquelles sont contraints détenus et surveillants».

Pourtant, depuis quelque temps, des associations mettent en avant l'impérieux besoin d'un regard extérieur sur les prisons et d'un contrôle indépendant de l'administration pénitentiaire (AP). Une affaire est venue les conforter. A Beauvais, pendant trois ans et jusqu'en 1997, le directeur a pu, impunément, faire régner la terreur sur les détenus et sur certains surveillants n'appartenant pas à sa coterie. Sans que personne n'ose rien dénoncer. Et sans que nul, à la direction de l'administration pénitentiaire, ne s'aperçoive d'aussi graves dysfonctionnements.

Histoires de famille. Au ministère de la Justice comme à la direction de l'administration pénitentiaire, on a beau jeu de soutenir que les fautes sont sévèrement punies. Et c'est vrai. Mais encore faut-il en avoir connaissance. Et comment échapper au soupçon d'enterrement de certaines histoires, quand le linge se lave en famille? L'AP est une étrange in