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Libération
Éditorial

Témoignage de l'intérieur.

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publié le 17 janvier 2000 à 21h55

Malheur à celui (et surtout celle) par qui le scandale arrive! Pour

avoir dénoncé la condition misérable qui est faite aux détenus de la Santé, la médecin chef de cette maison d'arrêt s'est vite retrouvée elle-même en situation d'accusée. Pourtant, son témoignage mérite d'être entendu malgré la contre-offensive médiatique des responsables de l'Administration pénitentiaire.

Certes, le livre de Véronique Vasseur prête le flanc à la critique. Ce témoignage est brouillon et son flou chronologique ne permet pas de faire la différence entre les horreurs passées, qui ont pu être corrigées, et les misères présentes. La direction de la Santé s'est engouffrée dans cette brèche pour réfuter les accusations de la responsable de ses services médicaux. C'est habile, mais trompeur. En refermant les lourdes portes de la prison sur le dos des journalistes invités à une brève visite guidée bien encadrée, les responsables pénitentiaires espéraient sans doute retourner dans la zone d'ombre, de silence et d'autarcie qui est habituellement la leur. Une telle esquive est détestable.

Car enfin, n'est-il pas risible de voir, à l'aube du troisième millénaire, un des plus anciens Etats de droit et des plus riches pays de la planète s'enorgueillir très fort de ce qu'aucun rat ne coure (du moins" pendant la journée) dans les couloirs de la principale prison de sa capitale? Et le reste est à l'avenant. Car, ce qui porte l'indignation de Vasseur et justifie son cri d'alarme n'est qu'un secret de Polichinell