Martine Aubry n'était pas, il y a cinq ans, une inconditionnelle de
la semaine de 35 heures. C'est Dominique Strauss-Kahn qui avait poussé à faire de cet objectif un point clé du programme de Lionel Jospin. Alors que celle-ci, depuis son départ en 1993 de la rue de Grenelle, tenait sur la réduction du temps de travail des propos nettement plus nuancés. Dimanche soir, TF1 a rediffusé un extrait de son intervention en mars 1995 devant le congrès de la CFDT: elle s'était fait quelque peu chahuter en expliquant qu'elle n'était pas favorable à une application autoritaire des 35 heures à l'ensemble des entreprises. «J'ai toujours dit qu'elle devait être négociée», s'est-elle défendue dimanche. Dans tous ses écrits et déclarations d'avant la dissolution (1), Martine Aubry se montre très diserte sur les vertus de la négociation, et beaucoup plus réservée sur l'arme de l'abaissement de la durée légale. Elle parle d'ailleurs de 37 heures et non de 35.
Votée en juin 1998, la première loi, qui incite les entreprises les plus réactives à passer sans attendre aux 35 heures pour montrer l'exemple, a atteint son but. Fin décembre 1999, on compte, selon les derniers pointages du ministère, 106 conventions de branche et 22 000 accords d'entreprise, couvrant 2,6 millions de salariés (sur 14 millions que compte le secteur marchand) et 151 000 emplois «créés ou préservés».
L'application à partir du 1er février 2000 de la seconde loi votée en décembre dernier va être plus délicate. Si un nombre imp