La mise en oeuvre de la couverture maladie universelle (CMU),
deuxième grande réforme menée par Martine Aubry, provoque également des remous. Personne ne conteste l'ambition d'une démarche qui garantit aux plus pauvres l'accès gratuit aux mêmes soins que les autres. Mais le transfert de cette charge des départements aux caisses d'assurance maladie, et l'ouverture au 1er janvier 2000 du droit à une assurance complémentaire santé gratuite pour six millions de personne (10% de la population) se sont mis en place dans la précipitation.
En région parisienne et dans les grandes villes, les caisses primaires d'assurance maladie (Cpam) sont débordées par l'afflux de demandeurs (lire au-dessus). Ils veulent connaître leurs droits, ou s'inquiètent de savoir si l'aide médicale gratuite dont ils bénéficiaient jusqu'ici est automatiquement transférée. Or, bien que la loi ait été définitivement adoptée en juin, les derniers décrets d'application ne sont parus qu'en décembre.
Le mauvais climat qui s'est instauré entre la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) et le ministère explique pour une part cette impréparation. L'incompatibilité d'humeur entre Martine Aubry et Gilles Johanet, le directeur de la Cnam, est de notoriété publique. La première considère que le second est un donneur de leçons incapable de se comporter en patron d'un organisme gérant près de 600 milliards de francs. Ce dernier reproche à la ministre de vouloir se mêler de tout sans donner aux caisses les moyens de régule