Lille, envoyée spéciale.
Ce jour-là, Pierre Mauroy se plaint: «J'ai même dû aller présider une commission de sécurité parce que je n'avais plus d'adjoints!» C'est que ce sport-là, ça n'est plus de son âge (72 ans) et encore moins de sa stature. Au moins sa première adjointe a-t-elle une excuse en béton: Martine Aubry est chargée d'étoffer le catalogue des réformes jospinistes au ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Elle fait donc comme elle peut. Le soir où le conseil municipal de Lille vote l'annexion de Lomme, petite ville populaire qui connaît la discipline socialiste des urnes (ce qui ne fera pas de mal au PS lillois lors des prochaines municipales), la ministre se fait remplacer et quitte en urgence le débat 35 heures à l'Assemblée. Le 31 décembre, elle coupe son réveillon en deux: visite des hôpitaux lillois (TGV), visite des hôpitaux parisiens. Au conseil municipal, elle est assise à la droite du maire et repart généralement avant la fin pour ne pas rater le dernier train. Pierre Mauroy fatigue, «s'écoute parler», murmurent certains conseillers municipaux, refait le coup de Salengro à chaque fois que l'opposition tente de mettre le doigt sur quelques affaires floues. Le numéro finit par lasser. Aujourd'hui, Martine Aubry a fait le plus gros de son travail gouvernemental et parle de Lille avec des trémolos dans la voix. Passage de relais dans moins de deux ans. L'autre versant. La ministre dessine la ville en quelques coups de crayon, dix ronds pour dix quartiers