Hissée au rang de «premier ministrable» d'un Lionel Jospin élu à l'Elysée en 2002, Elisabeth Guigou risque de pâtir de l'image d'une ministre qui n'aura pas réussi à mener à bien une réforme importante.
«Marchandage». Elle avait dit en entrant place Vendôme: «Je ne sortirai pas en charpie de la chancellerie, comme mes prédécesseurs.» Certes, mais Elisabeth Guigou sort égratignée de l'échec du Congrès. Elle a beau expliquer: «Ne doutez pas de ma détermination à poursuivre cette réforme», on parle plutôt chez les socialistes de probabilités d'enterrement et l'on se repasse le film des derniers mois.
Certains rappellent qu'«elle a cédé à la panique en voyant la tournure que prenait l'affaire, quand elle a compris que le vote au Congrès était loin d'être acquis». Depuis 1997, elle n'était pas revenue sur le texte prévoyant une responsabilité accrue des magistrats. Mais elle a dû le faire en urgence au moment de l'affaire DSK, pour satisfaire ses amis et l'opposition. «Elle a ainsi donné prise à ceux qui lui reprochent de marchander», assure un socialiste. Des éléphants du PS se sont même plaints de ses manières, sur le thème: sur le vote du CSM, elle a consulté les grands leaders de droite comme Giscard, Balladur ou Alliot-Marie et pas nous. On parle aussi d'une certaine «maladresse» à refuser l'appel des verdicts des cours d'assises, auquel tenaient beaucoup les députés de tous bords. Pour finir, elle avait accepté l'appel tournant juste avant la seconde lecture