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Libération
Analyse

L'inverse de ce qu'attend l'opinion.

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L'opposition pratique la politique de la terre brûlée.
publié le 20 janvier 2000 à 21h50
(mis à jour le 20 janvier 2000 à 21h50)

Au jeu des mille façons de faire l'inverse de ce que les Français attendent de vous, l'échec de la réforme du CSM, c'est le banco. Le constat, pourtant, ne prêtait guère à discussion: la justice est-elle indépendante du pouvoir politique? Non, pour 53% de l'opinion (1). Est-elle assez sévère pour «les hommes politiques et les chefs d'entreprise impliqués dans des affaires financières»? Non, pour 76%. S'ils avaient eu à se rendre au Congrès de Versailles, les Français auraient-ils approuvé la révision constitutionnelle du CSM? 46% l'auraient votée, 8% se seraient prononcés contre.

Les chiffres sont sans appel: les Français voulaient cette réforme. Mais elle est enterrée pour des raisons «politicardes», selon le mot d'un député. Conclusion: à l'heure où le désamour entre les politiques et l'opinion atteint des sommets, c'est peu dire que ces funérailles ne vont pas contribuer à réhabiliter l'image des premiers auprès de la seconde. S'ils avaient envie de creuser un peu plus le fossé entre eux et leurs mandants, les élus ont eu raison de procéder comme ils l'ont fait: voter une réforme une première fois à une très large majorité, puis se déjuger en refusant la révision de la Constitution qu'elle impliquait. Au final, le résultat est dramatique. D'autant que la relation du pouvoir avec la justice est justement à l'origine du discrédit dont souffrent les politiques depuis le vote d'une fameuse amnistie en 1989 qui n'a jamais été comprise. Depuis, la suspicion règne. L'opinion