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Libération

La réforme à effacer les affaires

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Chirac l'a lancée en 1996, en pleine tourmente politico-financière du RPR.
publié le 20 janvier 2000 à 21h50
(mis à jour le 20 janvier 2000 à 21h50)

«Au stade où ça en est, ça relève d'une psychanalyse du personnel politique, des motivations profondes et inavouées pour lesquelles ils ont peur de l'indépendance de la justice», s'agaçait hier un magistrat, habitué de la délinquance financière. Sans en passer par le divan, on peut tenter un rappel historique des raisons pour lesquelles Jacques Chirac a «lancé» la question de l'indépendance.

Un soir de décembre 1996, le chef de l'Etat annonce, à l'improviste, qu'il faut songer à plus d'«indépendance» de la justice et parle de rompre le lien qui unit les procureurs et le garde des Sceaux. Personne n'est prévenu à la chancellerie. A l'Elysée, un certain nombre de conseillers tombent de leur chaise en regardant la télévision.

Cette précipitation s'explique, et explique en partie le retournement de mardi. En 1995, les deux candidats à la présidence s'affrontent. Jospin a inscrit la réforme dans son programme. Chirac reste évasif. Mais le deuxième semestre 1995 et l'année 1996, que l'on pourrait qualifier d'horribilis, vont l'amener à ce choix pour tenter de sauver les meubles. Alain Juppé est à Matignon. Sitôt installé, l'affaire de son appartement, du loyer modéré dont il bénéficie aux frais de la Ville de Paris, des frais engagés pour le rénover, lui explose à la figure. La suite est connue. Considéré comme un délinquant potentiel par le procureur de la République, Juppé est sommé de déménager. Et Bruno Cotte, ce procureur, est prié d'en faire autant. Il se retrouve à la Cour d