«Catastrophés» par le report du Congrès, les principaux syndicats de magistrats craignent que cet événement ne marque le début d'une ère de «marchandages intensifs». «C'est un scénario-catastrophe», explique Valéry Turcey, le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, modérée). Pour lui, «la réforme du CSM est repoussée aux calendes grecques», et la réforme de la justice est soumise «aux quatre volontés des parlementaires les plus hostiles à l'indépendance de la justice».
«Fronde parlementaire». Même analyse au Syndicat de la magistrature (SM, gauche) qui voit dans le report «le triomphe provisoire d'une fronde parlementaire de la droite, ivre de son indépendance retrouvée à l'égard du président de la République et prête à sacrifier une réforme d'intérêt général pour des préoccupations purement politiciennes». Anne Crenier, la présidente du SM, craint également de possibles «tractations entre droite et gouvernement pour faire monter les enchères» sur la responsabilité des magistrats, mais aussi sur les relations entre l'exécutif et les procureurs, ou encore sur la responsabilité pénale des décideurs publics, et même «le retour d'un certain nombre d'immunités en faveur des élus».
«Marché de dupes». Les juges d'instruction de l'Association française des magistrats instructeurs (Afmi) ont «dénoncé le véritable marché de dupes» du report du Congrès et estimé qu'«il ne saurait être question d'accepter la poursuite d'un processus législati