Matignon a tranché. La réforme des stock-options, ces produits
financiers qui font la fortune des grands patrons, figurera au menu du projet de loi sur les régulations économiques qui sera présenté début mars en Conseil des ministres. Le gouvernement n'abordera toutefois pas sans précaution le sujet qui, cet automne, a provoqué une vague de protestations au sein de la majorité plurielle. C'est qu'en découvrant les émoluments faramineux alloués au PDG démissionnaire d'Elf, Philippe Jaffré, les députés socialistes avaient pris le mors au dents et réclamé l'augmentation de la fiscalité sur les stock-options. A la fureur de Dominique Strauss-Kahn: désireux de stimuler le développement de ces produits, le ministre de l'Economie avait, quelques mois plus tôt, défendu l'idée d'une baisse de leur taxation. La fronde parlementaire l'avait obligé à nuancer ses projets: au lieu de la baisse uniforme des taxes sur les stock-options envisagée, promesse fut faite de discuter au printemps d'une échelle fiscale modulable, fonction notamment du montant des plus-values et du risque pris. L'affaire était mal engagée. Matignon a donc changé son angle d'attaque. Les stock-options ne devaient plus apparaître comme une forme de rémunération permettant d'échapper aux taux les plus élevés de l'impôt sur le revenu, mais comme un mode de participation des salariés au capital de l'entreprise. C'était de facto intégrer les produits jackpot dans un ensemble plus vaste: l'épargne salariale (plan d'épargn