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Libération

256 millions égarés par Elf en Allemagne.Les «commissions» versées en 1992 ont-elles atterri sur les comptes de la CDU?

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publié le 24 janvier 2000 à 21h45

L'affaire fut présentée comme une superbe opération industrielle, le

plus gros investissement jamais réalisé par une entreprise française en Allemagne. En juin 1991, le groupe Elf est désigné lauréat de la privatisation de la raffinerie pétrolière de Leuna, dans l'ex-Allemagne de l'Est, et d'un réseau de stations-service, sous l'enseigne Minoil. Un investissement de 12 milliards de francs: champagne, embrassades, et vive l'amitié franco-allemande.

En décembre 1992, Elf effectue un versement de 256 millions de francs à une société off-shore (Noblepac, basée au Liechtenstein), gérée par André Guelfi, surnommé «Dédé la Sardine», intermédiaire habituel du groupe pétrolier. Officiellement, il s'agit d'un contrat de lobbying, destiné à rémunérer les nécessaires relations pour débloquer ce type de grand contrat international. Comme s'il avait été obtenu de haute lutte. L'entreprise allemande Thyssen, partenaire minoritaire d'Elf dans la reprise de Leuna (33% contre 67%), verse pour sa part 50 millions de francs.

La lettre de Kohl. Très vite, pourtant, il s'avère que Leuna n'est pas la mirifique affaire promise. L'investissement à réaliser pour mettre la raffinerie aux normes grimpe à 20 milliards de francs. Dans cette optique, si pot-de-vin il y a, il aurait dû être versé aux Français pour avoir financé cette belle action, toujours au nom de l'amitié franco-allemande" Philippe Jaffré, nouveau PDG d'Elf nommé en août 1993 par Edouard Balladur en remplacement de Loïk Le Floch-Prigent,