La vieillesse, un naufrage? Peut-être. Cela reste à voir. Mais
l'arrogance et la suffisance, certainement. Ce sont elles, en effet, qui ont précipité Helmut Kohl dans sa chute aussi indigne qu'entêtée. Une chute à laquelle la CDU a peu de chances de résister.
La déchéance d'un homme a toujours quelque chose de tragique, qu'elle soit politique, comme dans le cas qui nous intéresse, ou physique, comme c'est le cas de Ronald Reagan. Mais l'obstination de l'ex-chancelier à creuser après avoir atteint le fond, à défier ouvertement la loi de son pays pour protéger quelques financiers occultes, prend une dimension pathétique. Comme si le vieux dirigeant chrétien-démocrate s'estimait d'ores et déjà hors d'atteinte de la loi commune et des contingences du temps présent, à l'abri du télescopage de l'actualité judiciaire avec cette Histoire dont il restera un acteur, et par laquelle il estime avoir été plébiscité pour l'éternité.
On peut voir dans un tel comportement comme un accès sénile de mégalomanie. On peut y voir aussi l'énorme décalage qui sépare l'ancien combattant de la guerre froide d'une des préoccupations plus terre à terre d'aujourd'hui, la transparence et la fin de l'impunité des élus. Ce n'est pas un hasard, en effet, si Helmut Kohl invoque, pour expliquer son mutisme, les notions d'honneur et de devoir. Des valeurs censées avoir cours sur les champs de bataille mais aussi dans le milieu. Des valeurs qu'il avait déjà interprétées à sa façon, durant les seize années passées