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Libération
Éditorial

Génération perdue.

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publié le 25 janvier 2000 à 21h43

Le ras-le-bol et la grève de certains enseignants de banlieue

fonctionnent un peu comme le coup de gueule de la médecin chef de la Santé: ils mettent en pleine lumière une réalité déplorable à laquelle on cherche non pas tant à porter remède qu'à en être débarrassé. Dans un cas comme dans l'autre, des efforts de réforme ont été faits, parfois des crédits importants ont été engagés. Pourtant, le résultat est là: il existe des pénitenciers sordides et des collèges à la dérive dont on s'accommode tant qu'ils ne font pas parler d'eux. Du coup, pour oser troubler ce consensus, il faut un petit grain de folie.

On ose à peine qualifier l'action des enseignants grévistes de «revendicative». Leur demande semble plus radicale, en tout cas plus globale. Elle a quelque chose qui échappe aux marchandages qui règlent le contrat social (du coup, les syndicats ont du mal a l'intégrer à leur schéma). Surtout, elle soulève le couvercle d'un vilain chaudron et montre la vie toute crue piquée au bout de la fourchette. Et ça fait peur.

On peut l'avouer même si on se refuse d'être défaitiste. Après tout, il ne manque pas d'exemples où un investissement socio-éducatif conséquent a porté ses fruits. Au sein même de l'Education nationale, certains établissements ont pu enrayer la dérive et renverser la vapeur. Certaines cités qui paraissaient vouées au pire connaissent une éclaircie. Mais, même là, on peut remarquer une stagnation ou un recul de la délinquance, on relève aussi un rajeunissement de ceux