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Libération

L'école dans le piège de la violence

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Stains, Bondy, deux collèges en enfer. Les profs sont démunis face à la violence.
publié le 25 janvier 2000 à 21h43
(mis à jour le 25 janvier 2000 à 21h43)

Le jeu est à la mode depuis la rentrée de septembre. La règle en est toute simple: il suffit de lancer les chaises par les fenêtres des salles de classe, pendant les cours. «Mais par les fenêtres fermées, c'est plus spectaculaire.» A force, Marie-Pierre, professeur d'histoire-géo au collège Maurice-Thorez de Stains (Seine-Saint-Denis), ça la ferait presque rire. Dans la cour de l'établissement, les chaises sont ramassées, mais les carreaux cassés ne sont pas tous changés, «ça va trop vite». Le lancer de chaises, les crachats à la récré «dans le dos, toujours, quand tu traverses la cour», elle s'y est faite, vite. Comme les murs des salles de classe recouverts de carrelage, pour que les dames de service puissent essuyer la pisse des élèves.

Marie-Pierre a débarqué à Stains au mois de septembre. Un premier poste, juste après sa formation à l'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) de Nantes. «Là-bas, on te colle six heures par semaine dans un bahut bien choisi, bien calme. Puis on t'envoie ici.»

«Le Clos nique tout.» Ici, à Thorez, au milieu de la cité du Clos Saint-Lazare. Le nom est gravé sur une jolie plaque, plantée dans un parterre de fleurs. Mais, sur le mur de l'immeuble juste derrière, la traduction est taggée, en noir: «le Clos nique tout». «Ici, c'est 30% de chômage avec tout ce qui va avec. Et notamment la violence à l'école. Pas seulement des jets de chaises, mais la violence physique.» Et cela, Marie-Pierre ne s'y est pas faite après