Menu
Libération

Grameenphone, miracle au bout du fil.Au Bangladesh, en trois ans, les mobiles sont devenus un outil de travail.

Article réservé aux abonnés
publié le 31 janvier 2000 à 21h33

Davos, envoyé spécial.

«En favorisant la croissance et les fortunes rapides dans les pays riches, les nouvelles technologies ne peuvent qu'élargir le fossé Nord-Sud.» Au Forum économique mondial, depuis ce week-end, tout le monde fait ce constat, en se passant le mot dans les couloirs. C'est ainsi que se forme le consensus de Davos, tissé de lieux communs que l'on répercute à l'envi. Pourtant, un homme, dans les couloirs, joue une musique légèrement différente: «Que les technologies accroissent l'écart, c'est une évidence, mais ce n'est pas une raison pour ne pas en faire profiter aussi les pays pauvres!» Iqbal Quadir, 41 ans, sait de quoi il parle. Il est à l'origine d'un projet à peine croyable, mais qui marche: équiper des milliers de villages du Bangladesh, son pays, d'un téléphone portable! Le premier téléphone a été vendu en mars 1997, et aujourd'hui, 1 200 villages sont déjà connectés. La demande ne cesse de grimper. Iqbal Quadir espère parvenir à 4 000 villages à la fin de l'année. «Ce qui permettrait à 8 millions de personnes de téléphoner.» D'ici cinq ans, il espère équiper 70 000 villages!

Le système mis au point par Iqbal Quadir est calqué sur celui de la célèbre banque des pauvres, la Grameen Bank, actionnaire à 35% de la société fondée par Iqbar, Grameenphone (1). Jusque-là, la Grameen Bank fournissait des microcrédits, généralement à des femmes des villages (jugées plus sérieuses que les hommes). Ces prêts permettent l'achat d'outils ou d'animaux domestiques. La