«La bataille de la parole a été gagnée»: en descendant d'une tribune partagée avec les patrons de plusieurs multinationales, Pierre Sané, le secrétaire général d'Amnesty International, avait de quoi se réjouir. Il venait d'entendre les PDG d'une grande société pétrolière et d'un géant de l'industrie pharmaceutique multiplier les serments éthiques et leur attachement aux droits de l'homme, au-delà de ses espérances. En quittant la salle, le patron d'une autre multinationale prenait contact avec lui pour parler de ces questions" Entreprises plus citoyennes. Ce déballage de bons sentiments ne saurait suffire à régler les problèmes de fond, à commencer par la répartition des richesses que la croissance mondiale génère. Mais la tonalité des interventions cette année révèle à la fois le poids des années de lobbying des organisations non gouvernementales sur le grand business, mais aussi l'«effet Seattle», c'est-à-dire l'irruption de la société civile dans le monde des négociations internationales. Une tendance déjà remarquable l'an dernier, mais qui est devenue dominante. Soucieux de leur bonne réputation, les géants d'aujourd'hui ont visiblement compris qu'ils devaient offrir l'image d'une entreprise citoyenne et non prédatrice. Un investissement jugé nécessaire et même profitable par bon nombre d'entre eux.
De Bill Clinton aux organisateurs du Forum de Davos un des symboles de la mondialisation , en passant par les patrons de sociétés devenues plus puissantes que la majorité d