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Libération
Éditorial

A l'Etat de jouer.

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publié le 1er février 2000 à 22h30

La météorologie sociale est loin d'avoir fait les mêmes progrès que

les prévisionnistes de la pluie et du beau temps. Combien d'automnes annoncés chauds se sont révélés bien tièdes à l'usage! L'inverse n'est pas moins fréquent: combien de grains ont déboulé à l'improviste dans un paysage libre de conflit! Se pourrait-il que, égaré par l'euphorie de la croissance retrouvée et les flonflons du millénaire, on ait négligé l'arrivée d'une dépression porteuse d'orages?

La loi sur les 35 heures entre en vigueur dans les entreprises de plus de 20 salariés sans que huit sur dix d'entre elles aient signé d'accord. Mais l'application mécanique de la loi ne se traduira en d'éventuels conflits qu'à plus longue échéance. Du coup, à l'exception atypique des routiers, c'est plutôt dans les services publics que l'atmosphère est chargée d'électricité. D'une manière générale, la grogne y reste localisée, éparpillée, souvent liée aux conditions particulières de tel bureau ou de tel service. Les 35 heures n'y sont souvent évoquées qu'à titre de grincements de dents supplémentaires, mais le simple fait qu'elles obligent à mettre les choses noir sur blanc ouvre la porte à bien d'autres ressentiments.

Martine Aubry aime faire un bilan flatteur de la loi qui a fini par porter son nom. Dans le privé, l'heureuse conjoncture économique a contribué à une mise en oeuvre de la loi sans trop de perturbation. Mais voilà: désormais, c'est au tour de l'Etat-patron de montrer ce qu'il sait faire (et la ministre