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Analyse

L'Union prise au piège. Le cas Haider risque de bloquer le fonctionnement de l'UE.

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publié le 3 février 2000 à 22h27

Bruxelles (UE), de notre correspondant.

Jörg Haider sort incontestablement renforcé de l'épreuve de force engagée par l'Union européenne. Non seulement, il est parvenu à ses fins en Autriche, en portant son parti au seuil du pouvoir, mais sa popularité est au zénith. Pour autant, les capitales européennes ont-elles eu raison de réagir aussi fermement qu'elles l'ont fait? Oui: le silence aurait été bien plus dévastateur que la réprobation publique. Se taire aurait légitimé l'extrême droite xénophobe, ainsi admise sans coup férir à la table commune. Cela aurait été un bien curieux message envoyé aux anciennes démocraties populaires et futurs membres de l'Union" Quant à la Turquie, elle aurait été fondée à réclamer son adhésion immédiate (si l'on met de côté les critères économiques).

Stratégie du soupçon. Il est tout à l'honneur des Quatorze, socialistes et conservateurs mêlés, d'avoir réaffirmé que l'Union est fondée sur la démocratie et les droits de l'homme et que nul ­ et surtout pas un pays membre de la zone euro ­ ne peut s'affranchir de cette contrainte librement acceptée. En affirmant clairement que l'Europe allait bien au-delà d'une simple communauté d'intérêts économiques et financiers, ils ont donné à leurs citoyens, pour la première fois, une claire indication du but ultime de la construction européenne: créer une union politique dans laquelle la souveraineté des Etats est subordonnée, y compris sur le plan de la politique intérieure. Ils ne sont sans doute pas rendu