Bruxelles (UE), de notre correspondant.
Jörg Haider sort incontestablement renforcé de l'épreuve de force engagée par l'Union européenne. Non seulement, il est parvenu à ses fins en Autriche, en portant son parti au seuil du pouvoir, mais sa popularité est au zénith. Pour autant, les capitales européennes ont-elles eu raison de réagir aussi fermement qu'elles l'ont fait? Oui: le silence aurait été bien plus dévastateur que la réprobation publique. Se taire aurait légitimé l'extrême droite xénophobe, ainsi admise sans coup férir à la table commune. Cela aurait été un bien curieux message envoyé aux anciennes démocraties populaires et futurs membres de l'Union" Quant à la Turquie, elle aurait été fondée à réclamer son adhésion immédiate (si l'on met de côté les critères économiques).
Stratégie du soupçon. Il est tout à l'honneur des Quatorze, socialistes et conservateurs mêlés, d'avoir réaffirmé que l'Union est fondée sur la démocratie et les droits de l'homme et que nul et surtout pas un pays membre de la zone euro ne peut s'affranchir de cette contrainte librement acceptée. En affirmant clairement que l'Europe allait bien au-delà d'une simple communauté d'intérêts économiques et financiers, ils ont donné à leurs citoyens, pour la première fois, une claire indication du but ultime de la construction européenne: créer une union politique dans laquelle la souveraineté des Etats est subordonnée, y compris sur le plan de la politique intérieure. Ils ne sont sans doute pas rendu