Etre scandalisé par l'élection de Haider est une chose, s'accorder sur la manière de réagir quand on est intellectuel ou artiste en est une autre. Récemment nommé directeur du Festival de Vienne (financé par une coalition entre le parti socialiste SPÖ comme force principale et le parti populaire ÖVP dont le délégué viennois Bernhard Görg s'est opposé à la coalition avec Haider) le metteur en scène Luc Bondy réagissait vendredi à l'appel de Jérôme Clément et d'une quarantaine d'artistes à boycotter la vie culturelle d'Autriche, en stigmatisant «le manque de réflexion politique des signataires».
«Naughty boy». «Il existe, dit-il avec l'appui de Pierre Boulez, Hans Landesmann, Peter Stein, Peter Zadek, Thomas Ostermeir, une autre Autriche que celle de Haider. Dans celle-ci, on trouve des hommes et des femmes animés d'une sensibilité politique et qui, tout en approuvant la réaction européenne, ne comprennent pas pourquoi eux aussi seraient punis de l'arrangement de Schüssel qui est à l'origine de la crise actuelle. Pour surmonter cette crise grave, toute punition de l'Europe fait penser à de l'éducation autoritaire qui engendre les délinquants, ne les empêche pas. Mettre au piquet le "naughty boy de l'Europe ne le rendra pas plus conciliant, mais au contraire plus méchant, plus xénophobe parce qu'isolé.»
A Vienne vendredi pour y diriger des concerts, Pierre Boulez précisait sa position: «Haider n'a été élu que par 27% de la population, il faut penser aux 73% rest