Vienne, de notre correspondant.
Le choc Haider va-t-il changer l'Autriche? Brisant le consensus mou qui fit longtemps la gloire d'un pays paisible et sans conflit, des manifestants descendent depuis quelques jours dans les rues et s'affrontent à l'occasion avec la police. Devant leurs téléviseurs, les Autrichiens n'en croient pas leurs yeux. Même s'ils ne sont qu'à un état embryonnaire, ces mouvements de protestation commencent à exister. Sous le nom fédérateur d'«Offensive démocratique», une nébuleuse d'organisations de soutien aux étrangers, de défense des droits des femmes et de lutte contre le racisme commence à se structurer. Soutenues par une liste importante de personnalités du monde de la culture et du show-biz, des centaines de personnes songent à investir un lieu longtemps oublié par les citoyens: la rue.
Evolution qualitative. «C'est vrai, nous ne sommes même pas dix dans cette association, et on n'a jamais organisé de manifestation», explique Max Koch, militant à «SOS-Mitmensch» (SOS-Nos prochains), l'organisation la plus importante de l'«Offensive». Les manifestations antiracistes se comptent sur les doigts de la main. En 1993 a eu lieu un grand cortège de 250 000 personnes sur la Heldenplatz, pour protester contre un programme «en dix points» proposé par Haider. La seule autre manifestation de masse fut celle du 12 novembre 1999 (50 000 personnes), sous le mot d'ordre «Pas de coalition avec le racisme.» Puis vinrent celles de ces quatre derniers jours, rassemblan