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Libération
Éditorial

La rançon de l'hypocrisie.

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publié le 15 février 2000 à 22h14

Que faut-il faire du Kosovo? Faute de répondre clairement et

rapidement à cette question, Européens et Américains doivent s'attendre au pire dans cette province théoriquement sous souveraineté serbe mais placée sous mandat de l'ONU depuis la victoire des forces de l'Otan, en juin. L'ambiguïté de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, instituant une administration civile internationale (la Minuk) mais évitant soigneusement de tracer la moindre perspective politique pour ce territoire, a fait long feu. Ce flou peu artistique a certes permis d'éviter à l'époque un veto russe et/ou chinois, Moscou et Pékin s'étant toujours opposés à l'intervention occidentale. Mais en ignorant superbement le principe du droit à l'autodétermination, pourtant inscrit dans la charte des Nations unies, il portait en germe les provocations et les violences qui ont contraint une majorité des Serbes qui y résidaient à quitter la province: prêcher le multiethnisme à une population qui a failli être définitivement chassée de sa terre après avoir connu plus de dix ans d'exclusion relevait au mieux de l'angélisme, au pire de l'hypocrisie.

Les troubles qui viennent d'éclater à Mitrovica, la «capitale» des Serbes restant au Kosovo, relèvent d'une autre logique. Celle de Milosevic et de ses affidés locaux, qui veulent transformer la partie nord de la ville en fortin interdit aux Albanais. Une ébauche de cette partition dont on a beaucoup rêvé à Belgrade, et surtout l'occasion d'envenimer les rapports entre