Bucarest, de notre correspondante.
Dix jours après l'accident écologique qui a déversé des dizaines de mètres cubes de cyanure dans le système danubien, la Roumanie cherche à atténuer sa responsabilité, craignant visiblement que le scandale ne fragilise son dossier de demande d'adhésion à l'Union européenne (UE). Principales victimes d'une catastrophe qu'elles comparent désormais à Tchernobyl, la Hongrie et la Serbie clament en choeur: la Roumanie doit payer. Cette dernière se récuse.
«Simples spéculations». Une commission mixte roumano-hongroise, de concert avec des spécialistes de l'UE, est déjà en train d'évaluer les dégâts et les responsabilités. L'attitude du gouvernement reste ambiguë. Bien qu'il reconnaisse qu'il faudra dix ans à l'écosystème détruit pour se rétablir, Anton Vlad, secrétaire d'Etat au ministère de l'Environnement, estime que les informations sur l'ampleur du désastre diffusées par la presse «sont de simples spéculations».
Le dossier financier est le plus sensible. Dans la convention bilatérale roumano-hongroise concernant les eaux, il n'est pas spécifié que «celui qui pollue paie». «De toute façon, ce n'est pas le gouvernement roumain qui dédommagera la Hongrie et la Yougoslavie», affirme Gabriel Dumitrascu, directeur général du département du contrôle écologique au sein du ministère de l'Environnement. En conséquence, la société roumano-australienne Aurul SA, dont la mine est à l'origine du désastre, n'aurait, elle non plus, aucune obligation, estime-t