S'ils s'en tenait au seul examen des statistiques, le Premier ministre pourrait légitimement s'interroger sur les capacités de gestionnaire de Claude Allègre. Comment expliquer, en effet, que la nouvelle carte scolaire suscite de si vives contestations alors que le nombre d'élèves ne cesse de diminuer, que le nombre de maîtres reste constant et que le budget de l'Education nationale a augmenté de 30% au cours de la dernière décennie? Entre 1990 et 2000, les écoles primaires et maternelles ont perdu quelque 250 000 élèves. Théoriquement, cela aurait dû libérer plus de 10 000 postes, largement de quoi nommer des enseignants en nombre suffisant dans les écoles sous-encadrées.
Or, vu du Gard et de bien d'autres départements, tout se passe comme si la baisse démographique n'avait permis aucune amélioration de fond. Dans les écoles primaires, il est incontestable que le nombre d'élèves par classe ne diminue plus de manière significative depuis le début des années 80. Quant au taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans, il plafonne sous la barre des 40%, niveau où il se trouvait déjà en 1990" quand Lionel Jospin était ministre de l'Education nationale. En Languedoc-Roussillon, ce taux a même chuté à 25%, ce qui explique en grande partie la colère des parents, à Nîmes comme à Montpellier.
Mais alors, à quoi ont donc servi les 10 000 postes théoriquement libérés? Dans l'entourage de Claude Allègre, on estime qu'une bonne moitié a servi au renforcement de l'encadrement dans