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Libération

A Vienne, scènes de racisme antiafricain au quotidien. Accusée d'être collectivement responsable du trafic de drogue, la communauté vit dans la peur.

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publié le 19 février 2000 à 22h44

Vienne, envoyée spéciale.

Cela a été l'année où, à Vienne, la communauté africaine a appris à hésiter avant de sortir de chez elle, à la nuit tombée, par peur des contrôles policiers. Cela a été l'année où Hector, un Togolais baraqué n'est plus allé chercher son fils à l'école «parce qu'il avait honte devant lui de se faire insulter et jeter des canettes de Coca par les autres enfants». Cela a été l'année où le ministre de l'Intérieur socialiste, Karl Schlögl, a fait deux rafles policières massives contre au moins 136 personnes, exclusivement des Africains, les accusant de trafic de drogue. Cela a été l'année où deux Noirs ont été retrouvés morts dans les bras de la police. 1999, cela a aussi été une année législative tendue où, après trente ans d'usure au pouvoir, les socialistes jouaient leur avenir. «Pour un enjeu purement électoral, la communauté noire qui compte environ 8000 personnes, a été collectivement désignée comme responsable du trafic de drogue, criminalisée et désignée à la vindicte publique», accuse l'association des droits de l'homme Gemmi. Sur les 700 000 étrangers installés en Autriche (Yougoslaves, Turcs, etc.), la situation des Africains est de loin la pire, le cas extrême.

Passages à tabac. Il y a trois semaines à peine, le parti d'extrême droite FPÖ est entré au gouvernement. Dans toute la communauté émigrée viennoise, mais aussi parmi les juifs autrichiens, beaucoup ont retiré leurs économies de la banque. On ne sait jamais. A l'association Caritas, une