L'addition a été lourde pour le groupe Elf-Aquitaine. Dans son
résumé de l'affaire Dumas, le parquet de Paris a fait la liste des salaires, dépenses de carte bancaire, piano, loyers d'appartement et commissions dont Christine Deviers-Joncour avait bénéficié: 64 548 708 F. Cette somme avait permis à l'amie intime de Roland Dumas d'acheter un appartement de 320 m2, rue de Lille, de mettre de l'argent de côté, et d'avoir un train de vie" de ministre. Après deux ans d'une instruction judiciaire menée tambour battant, les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky ont finalement donné dans le minimalisme judiciaire. L'ancien ministre des Affaires étrangères aurait bénéficié des recels d'abus de biens sociaux commis par sa maîtresse. Il serait aussi, selon l'accusation, complice par «fourniture d'instruction» pour avoir pesé en faveur de son embauche chez Elf, mais plus en sa qualité d'amant que de ministre. C'est la difficulté qui attend désormais le tribunal correctionnel qui devra juger Roland et Christine. Juger sans avoir de vrais mobiles.
Une question sans réponse. Les avocats du président en congé du Conseil constitutionnel, Me Jean-René Fathouat et François Tosi, l'ont relevé eux-mêmes, hier, dans un communiqué: «Le dossier de madame Deviers-Joncour fait l'objet d'un renvoi sans qu'il ait été répondu à la question, pourtant essentielle, de savoir pourquoi la société Elf lui a versé 60 millions de francs.» Pourquoi? La question restera sans réponse. «On découvre que ce n'est pa