«Jamais je n'ai vu un ami de François Mitterrand abandonner son
siège pour être remplacé par un ami de Jacques Chirac.» Cette réflexion d'un proche du Conseil constitutionnel résume l'impasse dans laquelle se trouve l'institution de la rue de Montpensier. Résumée, elle se traduit par: comment se débarrasser de Roland Dumas? Il y a un peu moins d'un an, en mars 1999, l'ancien ministre de François Mitterrand avait dû annoncer sa mise en «congé» du Conseil. Il avait obtempéré sous la pression de cinq juges constitutionnels qui, par écrit, l'avaient fermement prié de prendre du «recul» après les révélations de son ex-maîtresse, Christine Deviers-Joncour. Déjà mis en examen dans l'affaire Elf, Dumas avait toutefois souligné: «Quand les procédures judiciaires seront terminées, je reprendrai ma place à la tête du Conseil constitutionnel.» Aujourd'hui, rien n'indique que Roland Dumas, renvoyé en correctionnelle dans la cadre de l'affaire Elf, ait changé de point de vue.
Indépendance. «La meilleure solution serait qu'il démissionne de lui-même. Mais cela relève de sa seule volonté. Et ce n'est pas dans son caractère», assure un constitutionnaliste. Ce dénouement est en effet du seul ressort du président en congé, le Conseil étant indépendant, aucune autre autorité (du président de la République au Premier ministre en passant par le Sénat ou l'Assemblée nationale) ne peut intervenir dans les affaires internes aux «sages». Comme en mars, les huit autres juges constitutionnels pourraient