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Libération
Éditorial

Message brouillé.

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publié le 24 février 2000 à 22h31

De toutes les façons accidentelles de mourir, peu suscitent autant

d'émoi que l'empoisonnement alimentaire. Dans un univers soumis à une exigence presque universelle de sécurité (avec de remarquables et positifs effets), l'intoxication mortelle est ressentie comme une menace particulière, bien supérieure au danger objectif que mesurent les statistiques. Comme si d'antiques frayeurs, nourries de sorcières et de magismes divers, ne demandaient qu'à se réveiller à l'occasion.

L'épidémie de listériose n'est pourtant pas la simple répétition d'une scène ancienne. Les sociétés qui n'ont pas peur de la Listeria sont celles qui lui payent le plus lourd tribut. C'est au contraire le privilège d'une société moderne que d'avoir pris conscience de ce type de fléau et d'avoir commencé à mettre en place les moyens de s'en préserver. L'exercice est même assez nouveau pour que les responsables gouvernementaux français se soient pris les pieds dans le tapis comme des néophytes. Pas moins de quatre ministres se sont exprimés, en ordre dispersé et en se contredisant, et ils ont montré au passage que si Jospin a monté en épingle le «principe de précaution», son gouvernement est encore loin d'avoir réglé le dispositif de sa mise en oeuvre.

Ces cafouillages ont été remarqués à l'étranger, où la France se pose volontiers en donneuse de leçon en matière de sécurité alimentaire. Même si aucune faute technique n'a été commise, les engueulades ministérielles sur les vertus, ou plutôt sur les vices, de l