L'empire des rêves se taille de nouvelles provinces dans le monde
pur et dur de l'industrie. Si l'avenir est conforme aux ambitions de leur fabricant, 100 millions de PS2 seront vendues à terme (chiffre à mettre en relation avec le nombre total d'habitants sur Terre, seulement 6 milliards, dont 25% n'ont pas l'électricité). A quoi il faut ajouter les ventes des concurrents. Les consoles sont certes des jouets, mais leur enjeu économique n'a rien d'une plaisanterie. L'exploit que représente la PS2 n'est que la partie visible de l'iceberg. Car la machine est vendue en dessous de son prix de revient, et ce sont les programmes qu'elle fera tourner qui justifient les énormes investissements de son promoteur. L'«immatériel» garde la haute main sur la quincaillerie, si avant-gardiste soit-elle.
Le chiffre d'affaires des jeux vidéo dépasse déjà, planétairement, les recettes de toutes les salles de cinéma réunies. C'est ce marché ludique que vise évidemment le géant japonais, mais pas seulement. Sa console, qui incorpore un lecteur DVD, s'adresse aussi aux amateurs de cinéma hors salles, en attendant de se brancher sur l'Internet. A sa manière, elle marche sur les brisées du dernier en date des «mariages du siècle», celui de Warner et d'AOL, un pied dans la fabrication des bonbonnières et un autre dans celle des sucres d'orge. Et Bill Gates, autoproclamé «architecte en chef des logiciels» de son entreprise, annoncera la semaine prochaine son projet de console, franchissant à rebours