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Libération
Éditorial

Ce cher casse-pieds.

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publié le 9 mars 2000 à 22h58

Le pot de terre qu'est tout un chacun quand il se cogne au pot de

fer administratif a encore, en cas de pépin, une petite chance de recoller ses morceaux épars. La République, bonne fille, lui ménage la possibilité d'aller voir son médiateur. De fait, celui-ci a de plus en plus de travail. D'abord parce qu'il est mieux connu, donc plus facilement sollicité, mais aussi parce que la résignation a priori devant la toute-puissance de la machine étatique est un trait de caractère qui se perd.

L'actuel médiateur, Bernard Stasi, a fait un effort pour tirer son administration de l'obscurité où elle végétait. Depuis que cette institution existe, on s'est bien gardé de lui faire trop de publicité. Pour chaque détenteur de la puissance administrative, en effet, le médiateur est un casse-pieds en puissance. D'ailleurs, combien de gens connaissent la procédure qui permet d'accéder à ce recours? Le médiateur méritait bien un coup de projecteur.

Il le méritait d'autant mieux qu'il correspond à un besoin croissant. La pugnacité avec laquelle chacun entend défendre ce qu'il considère comme ses droits est une des composantes de l'individualisme régnant. C'est le même ressort qui nourrit ailleurs l'inflation procédurière, autre trait d'époque. D'une façon générale, l'argument d'autorité a du plomb dans l'aile. Les Français s'imaginent volontiers comme un peuple de râleurs. Les clients du médiateur sont des râleurs qui passent à l'acte. Or, justement, les raisons de râler n'ont jamais été aussi