Charles Péguy le disait: «Quand un mot commence à devenir à la mode c'est que la réalité qu'il désigne est bien malade!» Est-ce le cas de la médiation, qui aujourd'hui, du médiateur de la république au médiateur de quartier, se rencontre à chaque coin de rue? Dans son livre Dynamique de la médiation, Jean-François Six parlait même du risque «de voir surgir de petits Zorro médiateurs». Ainsi croise-t-on dans des immeubles ces médiateurs de «quartier» ou de «nuit», chargés de résoudre les conflits de voisinage, et dont eux-mêmes avouent leur «statut bâtard». Dans les hôpitaux, la réforme de 1996 a instauré des «comités de conciliation» entre les usagers et les médecins. Auxquels s'ajoutent dans bon nombre d'établissements des «médecins médiateurs». C'est compliqué, on confond souvent ce qui est de l'ordre du défaut de dialogue de ce qui relèvera sans doute du contentieux. Le risque est d'enfermer la médiation dans une voie servant uniquement à empêcher les plaintes. Car une erreur médicale ne relève pas du dialogue.
Dérapage. Le médiateur fait également florès dans la justice. Une loi de janvier 1993 a ainsi institué la médiation pénale. Il s'agit de rechercher une solution négociée dans un conflit entre l'auteur d'une infraction et sa victime. Le tag sera effacé par le taggeur, la vitre brisée réparée, ou encore de l'argent sera versé pour réparer les dommages. Dans les maisons de justice se retrouvent aussi le mari frappeur et la femme battue. Il faut promet