La concentration planétaire de l'industrie automobile se poursuit
sans faiblir. Peut-être ne sommes-nous plus éloignés du moment où les conglomérats qui domineront ce secteur économique se compteront sur les doigts d'une main (ils ne sont déjà qu'une dizaine). En réalité, les absorptions-fusions sont presque aussi vieilles que cette industrie séculaire. Le palier précédent de concentration (les «géants» nationaux: trois aux Etats-Unis, deux en France, un seul en Italie) n'aura été qu'une transition éphémère.
Entre tous les secteurs économiques, celui de l'automobile a suscité le plus fort nationalisme industriel et aucun pays ne s'est identifié avec autant de force que l'Italie avec Fiat. Le passage de la société turinoise sous la tutelle de GM a donc valeur de symbole: les vieilles frontières finissent par étouffer ceux-là mêmes qui prospèrent à leur ombre. L'heure est dure pour les particularismes.
L'automobile a également marqué le siècle dernier au fer de ses procédés de fabrication, au point que la norme générale de l'organisation économique, le fordisme, a pu porter le nom d'un fabricant. C'est encore l'automobile qui a vu naître, au Japon, le style de production qui s'est imposé ensuite, à flux tendu. Il est douteux que ce rôle de modèle d'organisation dévolu à cette industrie perdure, de même que s'est effacée l'importance des producteurs concrets des automobiles. L'alliance Fiat-GM est un nouvel adieu à l'avant-garde ouvrière: les producteurs se sont banalisés en même