Dix ans que l'Education nationale pioche plus que les autres dans la
cagnotte de l'Etat. Et ce sont les enseignants qui en ont le plus profité. Tel est, en substance, l'argumentaire que la direction financière du ministère a préparé à Claude Allègre afin de répondre à la demande de moyens supplémentaires. Selon une note interne que Libération s'est procurée, «le budget de l'Education nationale a augmenté trois fois plus vite que le budget de l'Etat hors dette publique» entre 1990 et 2000, alors que les effectifs ont diminué de 450 000 élèves (privé compris). Les dépenses de personnels «pèsent de plus en plus lourd aux dépens de la plupart des autres catégories de dépenses» (+ 75,28 milliards en francs constants, soit une augmentation de 34,9%). Cette arithmétique devrait appuyer la réponse habituelle de Claude Allègre sur le thème «j'applique la politique gouvernementale de réduction des déficits publics». Suppressions de classes. L'ennui, c'est que ces dix années d'investissements ne se voient pas sur le terrain, du moins selon les enseignants et, parfois, les parents. Depuis début janvier, ils dénoncent des suppressions de classes ou de postes, des remplacements non effectués, des dotations insuffisantes ou inadaptées, des budgets promis qui restent coincés dans les tuyaux des rectorats, des heures de formation annulées" bref, ça ne marche pas. Paradoxe: il n'est pas dit que de telles revendications contrarient réellement Allègre. Depuis son arrivée au ministère, ce dernie