«J'ai vu les manifestations, je veux les entendre.» Lionel Jospin a
abandonné sa casquette de Premier ministre pour retrouver celle de ministre de l'Education nationale, pendant cinq minutes qui sembleront peut-être bien courtes aux 800 000 grévistes d'hier. C'est en expert qu'il s'est adressé aux personnels de l'Education. Rien ne manque: l'insistance sur la difficulté croissante du métier, les conséquences de l'arrivée de publics «différents», l'augmentation de la violence et la prise en compte des «interrogations sur la transmission des savoirs». Et puisqu'il sait aussi que «les enseignants tiennent à la question des moyens», il a promis 1 milliard «en urgence» puis un timide dégel de l'emploi public.
Ambiguïté. Fidèle à ses convictions d'alors, le Premier ministre a néanmoins conditionné l'octroi de ces moyens via un «plan pluriannuel» à une évaluation des «besoins». En clair, pas question d'injecter des postes sans contrepartie: chacun devra étayer ses revendications dans le cadre des «discussions» à venir. Allègre, l'ami de quarante ans, sera-t-il toujours l'interlocuteur? Sur cette question, le Premier ministre a paru pour le moins ambigu. Sans prononcer une seule fois le nom du ministre, il s'est contenté d'indiquer que les «questions de personnes» ne se réglaient pas à la télévision, avant de souligner que «la seule politique valable pour ce gouvernement, c'est le dialogue, et le dialogue suppose la compréhension». La formule a de quoi inquiéter Claude Allègre, q