Au delà de ses propositions clairement audibles générosité
fiscale, recentrage sur l'électorat de gauche Jospin a aussi lancé, jeudi soir, un aveu plus implicite. Le temps des grandes réformes est passé et celles qui sont en cours sont gelées dans la mesure du possible. L'heure est au «dialogue», à la «compréhension» au profil bas, pour tout dire. De là l'effacement de beaucoup de ministres dont les plus audacieux et les plus ambitieux rêvent avant tout, dans n'importe quel gouvernement, d'associer leur nom à une réforme et à la loi qui l'institutionnalise. Il est moins flatteur d'avoir à négocier un cessez-le-feu, comme Jospin y invite désormais aux Finances ou à l'Education. Les deux ministres en titre sont grillés, qu'on les remplace ou non, ils ne comptent plus guère. D'autres, qui ont lié leur nom et leurs efforts à de réels projets de réforme, comme Aubry ou Guigou, semblent éprouver le besoin de souffler et de prendre du champ avant même que le blé semé ne lève. Jospin a beau assurer que son gouvernement n'est «usé ni collectivement ni individuellement», il ne convainc personne. L'usure est visible et elle frappe à la fois l'ensemble des ministres et certains d'entre eux en particulier.
Jospin en a tiré la leçon. On ne réforme pas sans heurter des positions établies. Pour avoir court-circuité la nécessaire concertation, Allègre et Sautter se retrouvent sur la touche. Jospin a admis que le temps perdu ne se rattraperait pas et qu'il fallait changer son fusil d'ép