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Libération

En prenant l'initiative de l'utilisation de la cagnotte fiscale, le chef du gouvernement affirme son pouvoir. Lionel Jospin s'affranchit de ses ministres.

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publié le 18 mars 2000 à 23h32

«Je ne suis pas un Premier ministre qui prend les annonces de ses

ministres.» C'est à la télévision que Lionel Jospin a prononcé cette phrase" le 13 septembre dernier. Jeudi soir, sur TF1, changement de registre. En quelques minutes, le Premier ministre a dépouillé Christian Sautter de toutes les annonces fiscales figurant au menu du collectif budgétaire. D'un cinglant «la seule politique valable pour ce gouvernement, c'est le dialogue, et le dialogue suppose la compréhension», il a flingué Claude Allègre. Il n'a pas eu un mot de soutien à Dominique Voynet. Plus globalement, lui qui égrenait si volontiers la litanie de ses ministres et de leurs actions valeureuses, s'est tu, cette fois.

Changement de ton qui n'est pas que de saison. Il y a six mois, Jospin faisait encore de ses ministres les hommes-sandwiches de sa politique, de son gouvernement la caravane publicitaire au service de sa propre gloire. Il les réunissait en conclaves hautement médiatisés; il feignait d'organiser entre eux des joutes à grand spectacle (Chevènement contre Guigou, Strauss-Kahn contre Aubry); de son Olympe matignonesque, il rendait les arbitrages, tirait les ficelles. Depuis, le casting d'enfer a commencé à s'user. L'intéressé l'a reconnu sur TF1, soulignant ce gouvernement est en place «depuis presque trois ans maintenant».

Tutelle directe. Cette usure prend des formes variées. Trois ministres au moins sont désormais sous la tutelle directe du cabinet de Matignon: Christian Sautter, Claude Allègre