Nazareth, envoyé spécial.
Les enfants courent à travers la rue Paul-VI avec des dizaines de fanions dans les mains destinés aux automobilistes et aux commerçants, qui les acceptent volontiers. Sur le triangle de tissu vert figure la devise: «Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète.» Très vite, il se diffuse à travers la ville, qui, pour cause de grève municipale, n'est toujours pas prête à accueillir le pape. Partout, la couleur de l'islam occupe le terrain, avant que les cantonniers accrochent aux réverbères la bannière jaune et blanc du Vatican.
La distribution des drapeaux se déroule sur un terrain asphalté transformé en sanctuaire et devenu le point de ralliement des islamistes locaux. C'est une mosquée en plein air et pavoisée qui s'étale au pied de la basilique de l'Annonciation. Il y a deux ans, le maire, communiste et chrétien, Ramiz Jeraïsi, avait détruit une école pour donner de l'espace aux millions de pèlerins attendus en cette année du jubilé. Ce qui devait servir de parvis empoisonne depuis les rapports entre chrétiens et musulmans.
Des banderoles récentes reproduisent des versets du Coran. Sur les tapis qui recouvrent le sol se tiennent des centaines de fidèles, une affluence record pour un jour de semaine. D'autres croyants, des retraités anglais affublés de casquettes jaune poussin et emmenés par un pasteur, descendent la ruelle adjacente. «C'est une honte!» s'exclame une habitante du Sussex à la vue de cette foule exclusivement masculine qui, tou