Jean Paul II a beau répéter que son pèlerinage en Terre sainte est
«inspiré uniquement par des motifs religieux», il peut être certain que la politique des hommes le rattrapera sur les traces du Christ. Que ce soit à Jérusalem, déchiré entre deux peuples et trois religions, dans les territoires palestiniens et spécialement à Nazareth en proie à l'activisme islamiste, sur les rives du Jourdain, lorsqu'il s'agira de trancher pour savoir de quel côté du fleuve aurait été baptisé Jésus. Ou encore dans tel camp de réfugiés palestiniens, au pied du mur des Lamentations, sur l'esplanade des Mosquées, au mémorial de Yad Vashem. Autant de chausse-trappes, de souvenirs historiques douloureux, de situations explosives que la seule volonté affichée de réconcilier chrétiens, juifs et musulmans ne suffira sans doute pas à éviter. D'autant plus que Jean Paul II, en se posant parfois en médiateur et quelquefois même en juge, donne l'impression de gommer sinon d'oublier les responsabilités de son Eglise dans le champ de mines proche-oriental.
Le reproche, diront certains, n'est plus de circonstance. Le pape n'a-t-il pas demandé pardon à Dieu, l'avant-dernier dimanche, aussi bien pour l'antisémitisme que pour l'Inquisition et les croisades, sans oublier l'esclavage? Certes. Mais le geste aurait été plus convaincant s'il avait été aussi adressé aux descendants des victimes. Et, si les fautes d'antan étaient enfin attribuées à l'Eglise en tant que telle et non à quelques serviteurs trop zélés d