C'est un cadeau empoisonné que le gouvernement a fait lundi soir aux
syndicats des Finances. Quand, à 21 heures, est tombé le communiqué de Bercy expliquant que le ministère de l'Economie, face à «l'opposition persistante des organisations syndicales», avait décidé, «dans un souci de responsabilité et d'apaisement», de «retirer le projet de réforme» de l'administration fiscale, la première réaction fut naturellement de se réjouir. Un KO aussi net, cela ne se boude pas. «Excellente nouvelle», pour la CFDT, on est «très satisfait» au Snui (autonomes), on parle de «grande victoire». Hier, le secrétaire général de Force ouvrière, Marc Blondel, s'est encore félicité de ce retrait.
Mais en même temps qu'elles se réjouissaient de leur succès, les organisations étaient traversées par une interrogation: à quel prix, en termes d'image, allaient-elles payer cette victoire? La réaction immédiate du secrétaire de la section socialiste de Bercy, Georges Louis-Vigier, a donné hier la mesure du risque encouru: «Le premier grand chantier de la réforme de l'Etat cède à la poussée des conservatismes et des conflits de chapelle.» Face-à-face tendu. Pour tenter d'éviter d'être accusées d'immobilisme, les fédérations des Finances ont essayé de rejeter la responsabilité de l'échec sur la partie adverse. «Depuis des mois les ministres, bardés de leurs certitudes, se sont entêtés en faisant fi des vives réactions exprimées par les personnels», a expliqué le secrétaire général de la fédération FO des