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Libération

Dans le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, le pape n'a pas évoqué la responsabilité de l'Eglise dans la Shoa. Jean Paul II souhaite un silence apaisant. Hier, le souverain pontife a appelé juifs et chrétiens à se réconcilier en mémoire des victimes du nazisme.

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publié le 24 mars 2000 à 23h19

Jérusalem, de notre correspondant.

La tête baissée, les yeux mis clos, Jean Paul II se recueille pendant près d'une minute. Puis, d'un geste de la main, il ranime la flamme en souvenir des six millions de juifs assassinés par les nazis. Au sol, sont gravés les noms des vingt-deux camps de la mort. «Dans ce lieu de mémoire, l'esprit, le coeur et l'âme ressentent un besoin extrême de silence"» , déclare-t-il après le dépôt par deux cardinaux d'une gerbe aux couleurs du Vatican.

Ce n'est pas la première fois qu'il relaie «le cri poussé par des hommes, des femmes et des enfants depuis les profondeurs de l'horreur». L'importance du discours tient autant à son contenu qu'à l'endroit où il est prononcé. Jamais le souverain pontife n'avait rendu hommage aux victimes de l'Holocauste dans le monument érigé à leur mémoire, à Yad Vashem, et, surtout, en Israël, le pays qui se veut, comme l'expliquera Ehud Barak, «la réponse définitive et permanente à Auschwitz».

Au détour d'une phrase, ce n'est plus le chef de l'Eglise apostolique et romaine qui parle, mais Karol Wojtyla, le natif de Wadowice, témoin de l'occupation de la Pologne par les nazis et de la mise en oeuvre de la solution finale. «Je me souviens de mes amis et voisins juifs"» Dans la crypte aux parois en basalte, plusieurs rescapés viennent saluer «Lolek», le compagnon d'enfance, ou le jeune prêtre qui leur porta secours, et non pas un dignitaire étranger comme il en passe tant à Yad Vashem. Jean Paul II s'anime enfin et échange