«Je voudrais rendre hommage à Alain Juppé. Il reste pour nous un contre-modèle utile et permanent pour éviter toute tentation de passer en force.» C'est ainsi que François Hollande éclairait, samedi, en marge du conseil national du Parti socialiste, l'état d'esprit de la majorité et du gouvernement Jospin. Car l'une comme l'autre, depuis trois ans, ont toujours eu une constante: éviter de faire tomber les réformes dans un gouffre social du type de celui qui avait emporté le Premier ministre «droit dans ses bottes». Patiemment, de l'ouverture du capital de France Télécom à celui d'Air France, des 35 heures à l'euro, le gouvernement Jospin avait pour stratégie de ne jamais heurter le mouvement social de front. Par peur autant que par gratitude: «N'oublions jamais que c'est grâce à la mobilisation du service public en 1995 que 1997 a été possible», rappelait récemment le député PS du Nord Marc Dolez, à propos de la réforme de l'administration fiscale. A Martigues, le congrès du Parti communiste est sur une longueur d'onde parallèle.
En deux mouvements différents mais concomitants, celui des impôts et celui des enseignants, le gouvernement a vu resurgir le spectre du mouvement social. On n'est évidemment pas au même niveau de rejet du gouvernement. Alain Juppé était à l'époque condamné par une grande partie de l'opinion, parce qu'il démentait l'engagement de Jacques Chirac: la réduction de la «fracture sociale». Mais comment ne pas faire le parallèle? Les thèmes la retraite, l'