En tête du hit-parade des pressentis pour Bercy: Laurent Fabius! Au
PS, l'idée exaspère ses adversaires, réjouit ses fidèles et surprend les uns et les autres. Elle est pourtant réelle: Lionel Jospin songe au président de l'Assemblée nationale pour succéder à Christian Sautter au ministère de l'Economie et des Finances. Fin décembre, lassé du perchoir de l'Hôtel de Lassay, Laurent Fabius était allé voir le Premier ministre pour lui signifier son envie d'«être utile», de «faire des choses»: il avait cité la direction du Fonds monétaire international (FMI), alors vacante, mais s'était dit ouvert à d'autres opportunités. Alors, la semaine dernière, le Premier ministre s'est souvenu de la «disponibilité» de son «frère ennemi». Il y voit trois avantages: la pénurie de candidat idéal pour Bercy, le rassemblement des socialistes et" l'étouffement des critiques sur l'action gouvernementale dont Fabius s'est fait une spécialité depuis quelques mois. A l'inverse, certains jospinistes s'inquiètent de voir ainsi remis en selle l'éternel rival et soulignent que l'arrivée de Fabius à Bercy serait interprétée comme «une inflexion politique» en direction des classes moyennes. A cet égard, il est clair, pour Matignon, qu'en intégrant le gouvernement, Fabius s'engagerait de facto à mettre en musique la politique de Jospin, pas la sienne. Il se lierait en quelque sorte par un contrat politique implicite ou explicite.
Fabius acceptera-t-il ce marché? «Je ne pense rien, comme d'habitude», a répon