Lionel Jospin avait, du point de vue de l'opinion, visé juste. Selon un sondage réalisé par la Sofres pour Libération les 24 et 25 mars 2000, 75% des Français approuvent l'idée de l'allongement de la durée de cotisation des fonctionnaires à 40 ans, et donc l'alignement sur le sort des salariés du privé. Même chez les salariés du secteur public, cette mesure recueille une approbation légèrement majoritaire (53%). Le «peuple de gauche» est lui aussi acquis: 71% des électeurs l'approuvent. Et, parmi eux, 51% des électeurs communistes. Visiblement, le thème de l'«équité» entre public et privé porte dans l'opinion, y compris celle des agents de l'Etat. On est très loin des sondages qui, en novembre 1995, trouvaient à 47% (contre 45%) les revendications des fonctionnaires «justifiées» (1).
Retraites. Les propositions des syndicats comme la CGT, FO ou SUD, qui consistent à revenir sur la réforme des retraites du privé mise en place par Balladur en 1993, sans être rejetées, ne convainquent pas l'opinion, y compris celle des salariés. Interrogés sur la faisabilité d'un retour à 37,5 années de cotisation pour tous, les intéressés, salariés du privé et chômeurs, n'y croient pas, sauf les ouvriers et employés.
Le gouvernement a donc devant lui un terrain favorable dans une négociation avec les syndicats. D'ailleurs, les dirigeants syndicaux le savent: aucun n'a refusé la négociation, car Jospin, en proposant d'intégrer les primes dans le calcul des pensions, a donné du «g