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Libération
Interview

Un spécialiste explique le regain des sectes en Afrique. «Là-bas tout pouvoir vient du monde spirituel».

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publié le 5 avril 2000 à 23h41

Stephen Ellis, chercheur au centre d'études africaines de

l'université de Leiden (Pays-Bas), travaille actuellement sur les mouvements religieux en Afrique subsaharienne.

Cette région d'Afrique est depuis longtemps une terre d'élection des sectes. Quelle en est la raison?

C'est général en Afrique aujourd'hui. Il y a d'abord une longue tradition de croyance sur ce continent. Les Africains estiment qu'il y a dans le monde un élément invisible très important. Ils l'expriment dans la croyance en l'existence d'un ou plusieurs dieux, ou des esprits des ancêtres ou de la nature. Mais, depuis les années 60, on assiste à la multiplication des Eglises indépendantes. Pour des raisons spirituelles d'abord: les Africains veulent prendre le contrôle de leurs propres paroisses, alors que les Eglises d'origine missionnaire (catholique, anglicane") étaient dominées par des Blancs. Et il y a une raison théologique: les Eglises indépendantes agissent beaucoup sur les guérisons de maladies, l'exorcisme des esprits. Il y a peu de distinction entre les maladies telles qu'on les définit en Occident et les maladies psychologiques. En Afrique, il y a un élément spirituel important que les Eglises classiques ont négligé jusqu'à récemment.

Le fait que l'Ouganda ait été durement frappé par le Sida, par les conflits et les massacres, explique-t-il en partie le succès de ces mouvements?

Pas totalement. Toute religion, en Afrique comme ailleurs, est préoccupée par l'existence du bien et du mal dans ce monde. E