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Libération

Un habit trop grand pour Ben Ali.

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Il n'a jamais été à la hauteur de l'homme qu'il a évincé.
publié le 7 avril 2000 à 0h13
(mis à jour le 7 avril 2000 à 0h13)

L'affaire était entendue depuis que la télévision tunisienne avait complaisamment montré, le mois dernier, Zine ben Ali et sa femme au chevet d'un Habib Bourguiba agonisant. Cette utilisation indécente de l'image d'un moribond que les Tunisiens ne voyaient plus depuis treize ans ne laissait aucun doute. L'ère de la récupération politique commençait, après plus d'une décennie passée à tenter obstinément d'effacer jusqu'au nom du «combattant suprême» de la mémoire d'un pays. Comme si l'impéritie de Zine el-Abbidine ben Ali lui laissait désormais une seule issue: monopoliser la mort de son prédécesseur, pour mieux en capitaliser l'hommage et s'en attribuer les mérites.

Treize ans après le «coup d'Etat médical» qui déposa Bourguiba le 7 novembre 1987, le retournement de situation est spectaculaire. On est loin de l'entêtement d'un président-policier à condamner un vieillard à finir sa vie en reclus, dans la solitude de sa ville natale de Monastir. En effet, dès son installation au palais de Carthage, Ben Ali n'a eu de cesse de se construire une légitimité. Comme s'il ne croyait pas lui-même aux médecins attestant de l'«incapacité physique» d'un «combattant suprême» qu'ils n'avaient, soit dit en passant, même pas ausculté. «Pour ce faire, il s'est appuyé sur une promesse de démocratisation après une fin de règne marquée par la dérive autoritaire d'un Bourguiba malade, qui ne maîtrisait plus les luttes de clans pour sa succession, raconte un ancien ministre tunisien. Mais à mesur