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Libération
Éditorial

La lâcheté révélée.

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publié le 18 avril 2000 à 0h01

La justice ne peut être fondée que sur la vérité. C'est pourquoi,

au-delà des chiffres et malgré leur ampleur, les dix volumes du rapport Mattéoli sont fondamentaux pour l'Histoire: ils comblent un vide béant auquel notre pays s'est trop longtemps accoutumé. Comme le rappelle la mission sur la spoliation des juifs de France, «avant d'être une affaire d'argent, la spoliation a été une persécution dont le terme était l'extermination». Une persécution certes voulue par la puissance occupante mais à laquelle, pour sa honte, le régime de Vichy a allégrement participé via sa police et son administration, comme par exemple la Caisse des dépôts ou les Domaines. Des pans entiers de la société civile n'ont pas été en reste pour dépouiller les quelque trois cent mille juifs de France, notamment les banques, les compagnies d'assurances. Sans oublier tous ceux qui se sont servis sur le tas, qu'il s'agisse de piller un appartement dont les parents venaient d'être envoyés à la mort via Drancy, ou de réaliser quelque bonne affaire via l'aryanisation des entreprises et des biens immobiliers juifs.

Ce sont tous ces crimes au quotidien, toutes ces lâchetés et toute cette bonne conscience meurtrière, tous ces pogroms para-légaux que met à jour le travail des 11 membres de la mission Mattéoli. Tout un pan de notre Histoire. Comme appartiennent à cette même Histoire les silences, les atermoiements et les mensonges ­ mis également en lumière par les enquêteurs ­ qui ont entravé, retardé ou interdit